Après une percée assez timide et un nombre de modèles encore restreint ces dernières années, l’électrique semble promis à un essor considérable. Poussée par la réglementation, la construction devrait s’accélérer. Une centaine de modèles entièrement électriques seront proposés sur le marché européen d’ici 2022, d’après une étude réalisée pour la fédération d’ONG Transport & Environnement et publiée cet été.
Des hybrides aux 100 % électriques
Pour l’instant, les constructeurs misent sur l’hybride. Ce modèle, moins coûteux à développer par rapport au 100 % électrique, est également favorisé par l’homologation WLTP entrée en vigueur en septembre 2018. L’étude de Transport & Environnement prévoit l’arrivée de 49 nouveaux modèles combinant le thermique et l’électrique en 2022, puis environ 25 nouveautés par an dans les années suivantes.
Parallèlement, le secteur du 100 % électrique s’active aussi. Jusqu’en 2024, environ 30 nouveaux modèles par an verront le jour. D’ici 2025, les voitures entièrement électriques devraient représenter 60 % de l’offre de modèles électrifiés. Ces derniers constitueront d’ailleurs un cinquième des nouvelles constructions en Europe d’ici 6 ans. Presque tous les constructeurs ont déjà entamé le virage, même la marque de luxe Porsche qui a récemment dévoilé sa Taycan.
En gros, d’ici 2022, plus de 200 voitures électrifiées seront disponibles sur le marché, leur nombre atteindra plus de 330 jusqu’en 2025. Volkswagen fournira sûrement l’offre la plus vaste avec un éventail de 50 modèles 100 % électriques disponibles en 2025. Notons que l’électrique fait l’objet d’un plan de développement de 30 milliards d’euros, qui devrait donner naissance à divers modèles rechargeables. Par ailleurs, l’alliance Ford-Volkswagen portera sur la construction d’une voiture électrique et autonome dans les années à venir. Cette collaboration permettra d’associer la plateforme MEB de la marque allemande et les avancées du constructeur américain concernant l’intelligence artificielle. Volkswagen sera suivi par PSA et Daimler, qui prévoient respectivement de commercialiser 23 et 16 modèles électriques d’ici 2025.
Une accélération imposée par la législation
La production de voitures électriques est incontournable face à l’évolution de la réglementation européenne, surtout en ce qui concerne l’émission de CO2. Les nouvelles normes, qui entreront en vigueur en 2022, imposent une moyenne de 95 g/km. Celle-ci devra diminuer au fil du temps, avec une réduction de 15 % d’ici 2025, et une baisse encore plus drastique de 37,5 % jusqu’en 2030. Cela rentre dans les objectifs de la nouvelle présidente de la Commission européenne, qui souhaite faire baisser de moitié les émissions de CO2 à l’horizon 2030.
Face à cette progression rapide au niveau des normes, les constructeurs n’ont plus le choix. Auparavant, ils ont pu évoquer divers freins au développement des modèles électriques : coût marketing élevé, manque de modèles… Aujourd’hui, la règlementation constitue un cadre plus favorable à la production.
Transport & Environnement apprécie cette évolution, qui va dans le sens de l’interdiction des voitures thermiques. Cette fédération préconise l’arrêt de la vente de ce type de modèle d’ici 2035. Toutefois, l’avancée vers l’électrique soulève d’autres problématiques environnementales : aucune source d’énergie n’est totalement propre.
L’impact écologique des batteries doit être considéré
Si l’on tend vers l’avènement de l’électrique comme le souhaite Transport & Environnement, il faut mettre en place les cadres nécessaires au bon déroulement de cette révolution. Déjà, il est impératif de généraliser les bornes de recharge et de faciliter leur installation, notamment dans les copropriétés.
Il faut également étudier dès à présent l’impact écologique des batteries. Cela inclut la mise en place d’une méthode pour mesurer leur empreinte écologique, la considération de la seconde vie qu’on peut leur donner, la réflexion sur les taxes à prévoir… Bref, loin de rouler tout seul, le passage à l’électrique implique divers enjeux à éclaircir rapidement. Par ailleurs, la demande reste encore une grande question qui inquiète les constructeurs. Les consommateurs sont-ils prêts à engager le virage ?